Troie la glorieuse, Troie la magnifique. Ses hautes murailles de pierre blanche n'ont pas de rivales, son acropole est pavée de marbre et de pierreries et accueille le plus grand palais du monde, ses jardins sont l'imitation terrestre de ceux dans lesquels s'ébattent les dieux. Oui, Troie est une cité magnifique, mais désormais plane sur elle le spectre d'une guerre qui dure depuis plus de deux ans, et la misère traditionnelle des bas quartiers est désormais amplifiée par le chant des pleureuses et les complaintes des réfugiés.

Vastes étendues fertiles riches en pâturages verdoyants, terre de fiers chevaux sauvages et de ruisseaux cristallins, les plaines dédiées au dieu du Soleil sont désormais rouges du sang des morts et des blessés, et quoiqu'elles soient sous le contrôle de Troie il est audacieux pour un habitant de la cité attaquée de s'y risquer seul, car les achéens rôdent mais aussi les bandits et les fous.

Régulièrement occupées par l'un ou autre camp puis reconquises, ces mines sont actuellement sous contrôle troyen. Extrêmement bien fortifiées et convoitées, on y extrait de l'étain, un minerai rare et indispensable à la forge de bronze qui est la base des armes et armures des deux camps. Qui contrôle ces mines se rend maître de la production militaire et ce site est presque aussi vital pour les stratèges troyens que la cité elle même.

Lampasque est une cité martyr. Se trouvant entre Troie et le site de débarquement des envahisseurs, elle fut assaillie en premier par des achéens ivres de rage, et cette modeste vassale de Troie aux murailles peu imposantes tomba très rapidement. Ses habitants furent massacrés, violés, réduits en esclavage. On y combat presque sans interruptions, et trois batailles majeures y ont u lieu depuis le début de la guerre. On murmure que, la nuit, les fantômes des lampéens maudissent les achéens en hurlant leur haine...

Baptisés en l'honneur de la déesse du foyer et de la famille bien ordonnée, dont on dit qu'il y a connu des aventures oubliées des mortels, ces forêts et bosquets sont charmants et étendus, magnifique espace de promenade et de chasse. Tout du moins, avant la guerre. Désormais les deux camps ravagent ces forêts pour le bois dont ils ont tant besoin, et s'ils évitent de trop s'enfoncer au cœur de la forêt par peur d'une embuscade de l'ennemi, les bûcherons sont protégés par de véritables colonnes de soldats. On dit aussi que les nymphes et les dryades se cachent, ou sont devenues agressives, suite aux déprédations des mortels..

Sur une vaste étendue de terre carbonisée et martyrisée, Arès, au début du conflit, avant le retour de Zeus et la proclamation des règles imposées aux dieux, s'est déchaîné. Il a fendu le sol, soulevé la terre, et massacré un millier de braves achéens. Même les troyens horrifiés, fuirent en hurlant. Depuis cet espace est un endroit sans vie et hanté où nul ne se risque, qui donne l'impression de se trouver sur un volcan fumant.

Ce temple de grès aux tons ocres, de taille moyenne, est entouré d'un véritable petit village de tentes et d'habitation en planche. Les prêtres du dieu de la médecine y soignent indistinctement les deux camps, et pour l'heure la neutralité de ces praticiens a été respectée, d'autant que le dieu lui même est apparu sur le champ de bataille pour réduire en bouillie des troyens trop aventureux. Mais tôt ou tard, l'un des camps, appuyé de ses dieux, agacé de voir les prêtres soigner ses ennemis, risque de tenter quelque chose...

Sur cette ville nouvelle, les achéens, il y a deux ans, ont débarqué. De crique sans vie fréquentée par des crabes et des poissons, c'est devenu une véritable petite cité fortifiée, ceinte de murailles de bois et de pierre, abritant quelques demeures en dure mais aussi beaucoup de constructions précaires et de tentes, grouillante de vie, où des dizaines de milliers de combattants achéens vivent tant bien que mal en attendant d'aller se faire tuer à l'ombre de Troie. Son nom, Nectopolis, vient de Necto, conseiller et compagnon de char d'Agamemnon, tué par un archer sous les murailles de Troie.

Des tas de cadavres, des bûchers qui ne cessent de flamber. Si les achéens et les troyens brûlent leurs morts, il faut procéder à des rites chronophages, et bien vite on cessa de le faire, rassemblant simplement les moins augustes en tas, à l'écart de Nectopolis, qu'on recouvre d'huile pour y mettre le feu à intervalles réguliers. Cimetière de feu et de fumée, l'odeur abjecte de la chair brûlée ne quitte jamais ces lieux, fréquentés, pourtant, par des compagnons, amants, amantes, pères, cousins, désireux de rendre les derniers hommages.

Appelées ainsi en raison de la couleur blanche, voire translucide, des grains de sable qui donnent un air féerique aux lieux à l'aube, c'est sur ces plages que les achéens ont débarqué en massacrant à tour de bras. C'est aussi dans la mer Egée que vient se jeter le fleuve Scamandre, d'où les deux camps tirent leur eau potable.

L'Olympe est une autre dimension, sculptée par les dieux dans le tissu même de la réalité. Dans cet espace aux dimensions incertaines et inconnaissables, chaque dieu, de celui si peu influent que nul ne connaît son nom, jusqu'à Zeus, possède un palais de plus ou moins grand raffinement. C'est une véritable ville céleste possédant ses lieux publics, ses recoins, mais à la différence des villes mortelles elle est d'une splendeur telle que seuls les dieux peuvent supporter d'y vivre, et son aspect n'est jamais réellement figé.

Centre de tous les complots contre Zeus, véritable nid aquatique d'intrigues et de conspiration, c'est au plus profond de l'océan que Poséidon a ses propres domaines, loin du regard de son frère ou de ses autres ennemis. Champs d'arbres sous marins, temples faits de perles et de granit marin, cheminées volcaniques fumantes, tel est l'environnement parcouru par des sirènes et des tritons, par des baleines parlantes ou des hippocampes de six mètres, tout cela sous l'autorité du dieu des eaux.

On distingue plusieurs strates infernales. Les champs Elysées, réservés aux héros et aux âmes que les dieux veulent honorer, sont un perpétuel lieu de félicité et de bonheur, peuplé de palais et de magnifiques fontaines de vin et d'élixir. Puis vient le pré de l'Asphodèle, où sont dirigées la majorité des âmes. Destiné à accueillir le tout venant, les âmes y mènent une existence infinie, plongées dans une hébétude comateuse, ni malheureuses ni heureuses, mais rêvant, immergées dans d'éternels rêves doux et contemplatifs. Et ensuite les champs du châtiment, l'enfer des criminels, des pervers et des fous - ou de ceux que les dieux jugent tels, ce qui fait une grosse différence - où divers supplices leur sont infligés pour l'éternité. Et, enfin, à l'écart, dans sa propre dimension, un lieu pensant : le Tartare. Même Hadès n'a pas le droit d'y poser un pied. Les ennemis les plus dangereux des olympiens y sont enfermés à jamais, dont les titans. Les tortures monstrueuses qui y sont dispensées terrorisent même les dieux.